Diagnostic amiante : ce qu’il faut savoir

Mis à jour le 6 avril, 2024

L’amiante est, de loin, le matériau d’isolation le plus dangereux pour la santé. Beaucoup utilisé entre les années 50 et 80, il est difficile et coûteux de s’en débarrasser. Mais d’importants travaux ne sont pas toujours nécessaires, aussi longtemps que le matériau qui contient ce minéral ne se délite pas.

Quel est le problème ?

Les matériaux d’isolation couramment utilisés, comme les laines minérales (laine de verre ou laine de roche), les matériaux synthétiques (le polystyrène ou les polyuréthanes), peuvent avoir des effets sur l’organisme. Les fibres de laines peuvent être irritantes et les matériaux synthétiques peuvent dégager des gaz nocifs sous la chaleur. C’est pourquoi l’installation ne peut être faîte que par des professionnels, qui prendront en charge tous les aspects de sécurité pour la pose. De même, il faudra prévoir la ventilation du logement pour dissiper gaz et autres composants volatiles.

Le véritable problème avec l’isolation concerne en fait l’amiante, qui suscite à bon droit nombre de craintes. Roche fibreuse, elle a été très utilisée dans la construction entre les années 50 et 80 pour ses qualités de résistance mécanique, d’absorption, d’isolation et de résistance au feu. Dans le bâtiment, le matériau se retrouve principalement dans les flocages, les calorifugeages, les faux-plafonds, les fibrociments (cloisons à base d’amiante et de ciment) et les revêtements de sols. Mais ce minéral a trouvé son chemin également dans des appareils de la vie courante (grille-pain, plaquettes de frein, etc.)

Depuis, la recherche scientifique et médicale a démontré l’aspect cancérigène de l’inhalation de cette fibre. « Ainsi, en 1996, il a été dénombré près de 2.000 décès dus à une maladie provoquée par exposition à l’amiante », explique l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH) dans une fiche explicative. Or cette inhalation devient possible quand le produit dégradé produit des poussières d’amiante. C’est la raison pour laquelle le danger posé par l’amiante est gradué selon trois niveaux : le niveau 1, le moins dangereux où un simple contrôle est nécessaire ; le niveau 2 où l’amiante doit être confiné ; le niveau 3, le plus dangereux, quand l’amiante doit être retiré. Pas de panique donc, la présence d’amiante n’est donc pas forcément synonyme de danger immédiat, sauf si le produit qui la contient se délite.

Quelle est la réglementation en vigueur ?

Outre le fait que l’usage de l’amiante est dorénavant proscrit dans la construction, la législation et la réglementation imposent la production de documents en cas de vente. Pour tous les immeubles construits avant le 1er juillet 1997, un constat d’absence d’amiante devra être produit en cas de vente. De même en cas de simple doute, le propriétaire doit faire procéder à un diagnostic amiante de l’habitation.

Si ce dernier est positif, le propriétaire devra alors s’assurer de l’état général des parties amiantées et tenir informer tous les occupants de la situation.

Quelles sont les solutions ?

La première solution consiste à faire procéder à un diagnostic par un contrôleur technique agréé par le ministère de l’Equipement. Celui-ci procédera à une inspection directe des matériaux reconnaissables visuellement pour évaluer leur état. Pour les matériaux moins visibles, type flocages, il procédera au prélèvement d’un échantillon pour analyse en laboratoire.

De l’évaluation dépend la suite des opérations. Si les matériaux sont en bon état, un contrôle périodique tous les trois ans suffit. Si l’état est discutable mais que le technicien évalue le volume de poussière d’amiante inférieur à 5 fibres par litres, le contrôle reste suffisant. S’il est par contre supérieur, l’habitation est alors considérée en mauvais état et des travaux seront nécessaires dans un délai maximum de trois ans.

Ces travaux peuvent être de deux types : de confinement, cette méthode consistant à confiner l’amiante afin de le rendre inoffensif et ramenant la situation à celle nécessitant un contrôle régulier, ou de retrait, cette méthode consistant à retirer tous les éléments en amiante friable de la maison.

Qui s'occupe des travaux ?

Le contrôleur s’occupant du diagnostic est agréé par le ministère de l’Equipement et dispose d’une assurance spécifique en la matière. Le coût de son exercice s’élève aux environs de 150 euros par intervention.

Quant à l’opérateur de travaux de confinement ou de retrait, l’Association nationale pour l’information sur le logement (ANIL) recommande de faire appel à une entreprise spécialisée titulaire de la certification de qualification Qualibat ou Afacq-Acert. « C’est une opération longue, minutieuse, qui demande énormément de précision dans la préparation ; ce n’est pas quelque chose qui s’improvise », explique ainsi Christophe Muller, responsable du département environnement de l’entreprise Coanus. Selon le site Internet de la société Geronimo, société d’expertise basée à Villeurbanne (69), le décollage de dalles en vinyle amiante peut aller de 60 à 500 euros le m², suivant la présence ou non de colle à base d’amiante qui fixait les dalles par exemple. Une solution intermédiaire consistant à laisser la colle et à la recouvrir d’une résine peut ramener le coût des travaux à 85 euros le m². Dans tous les cas, les ouvriers spécialisés doivent travailler dans des conditions difficiles, avec des pauses toutes les deux heures et beaucoup de temps consacré à la préparation du chantier. Donc, les travaux de retrait d’amiante (ou désamiantage) seront de toute façon coûteux.

Qui plus est, seule une petite centaine d’entreprises dispose de la ‘Certification de qualification’ rendue obligatoire d’ailleurs par les arrêtés des 14 mai 1996 et 26 décembre 1997. Or le nombre d’édifices qui contiennent de l’amiante est très élevé. Trouver l’entreprise adéquate puis pouvoir ensuite compter sur elle dans un court délai sont donc des gageures.

Quoiqu’il en soit, le diagnostic et les travaux concernant le désamiantage sont éligibles aux aides et subventions de l’ANAH.