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Plan de maison : une maison bioclimatique

Derniere mise à jour le 28 juin 2025

Dans le sud de la France, le soleil, au lieu d’être un ennemi, peut se révéler un formidable atout du point de vue du confort. L’exemple de la maison bioclimatique, qui ne sacrifie en rien le geste architectural du maître d’oeuvre Patrick Sauvage est, à cet égard, éloquent.Les commentaires sont ceux de Patrick Sauvage, maître d’oeuvre installé à Salon-de-Provence (13).

“Mon intérêt pour l’architecture bioclimatique est très ancien. En effet, dès les années 70 quelques expériences ont été tentées, certaines intéressantes, d’autres moins réussies ; il y a eu quelques contre-performances malheureuses (rires). Mais depuis 10 ans, s’est faite jour une exigence nouvelle, une conscience que la prise en compte des problèmes d’environnement, de réchauffement du climat était une nécessité absolue. Il ne s’agit donc pas d’un effet de mode. C’est ainsi que se développent aujourd’hui les conceptions de maisons économes en énergie, utilisant de l’énergie renouvelable, avec un soin désormais porté à la qualité des matériaux.

[pub]Je faisais donc déjà de la conception bioclimatique, en essayant d’intégrer aux projets quelques dispositions, comme l’orientation par exemple, mais sans le dire à mes clients. Aujourd’hui, ce sont eux qui en font la demande (rires). La maison bioclimatique, à certains égards, fait référence à une construction traditionnelle – et non pas pseudo-traditionnelle, dont il est difficile de sortir dans le Midi – comme par exemple les annexes au nord pour protéger la maison en hiver, le platane au sud pour la protéger en été, l’aménagement de nombreuses ouvertures pour permettre une circulation de l’air. Mais ces références ne s’opposent en rien au geste architectural contemporain. Au contraire, les différentes contraintes de la maison bioclimatique imposent de faire de l’architecture et offrent donc une grande liberté de création.

En l’occurrence, il s’agit ici d’une maison d’environ 220m² située près du centre d’un petit village provençal et conçue pour un couple avec deux enfants. Les clients avaient quelques demandes très fortes : deux chambres pour les enfants à l’étage avec un grand espace ouvert servant en partie de salle de jeux, permettant de recevoir de la famille et offrant la possibilité d’une adaptation ultérieure ; une pièce jacuzzi ; de grands volumes et une cuisine intégrée au séjour, sans séparation. De fait, le séjour cuisine fait donc 45m². Ils souhaitaient enfin une buanderie, un cellier et un local technique séparés les uns des autres plutôt que regroupés dans un seul espace.

La maison est orientée de telle façon que les locaux techniques sont situés au nord et font office de zone tampon, les grandes ouvertures étant orientées au sud pour utiliser l’énergie passive du soleil tout en s’en protégeant. En l’occurrence, cette maison est plutôt trop ouverte au nord, mais la vue sur le Ventoux au dessus des toits du village vaut vraiment le coup !

L’aspect bioclimatique le plus visible consiste en de grands capteurs solaires – 12m² – en façade. Nous n’avons pas voulu les cacher – nous aurions pu les mettre sur le toit – car ils permettent, au-delà de l’aspect architectural, d’affirmer le caractère de la maison. Ces capteurs auraient été plus efficaces en étant orientés à 45° mais leur grande surface permet cependant d’assurer à 100% les besoins en eau chaude sanitaire et de couvrir une grande partie des besoins en énergie du plancher chauffant. Du coup, nous avons mis des cellules photovoltaïques sur le toit parasol pour pourvoir aux besoins en électricité de la maison. Le toit parasol a par ailleurs l’avantage de mettre la maison à l’ombre en été. Les lames inclinées des pare-soleil contribuent également à réguler les besoins énergétiques : ils procurent de l’ombre en été tout en permettant, en hiver, au soleil de pénétrer par les baies et d’ainsi d’assurer, naturellement, une partie du chauffage, au moins 30%.

Les volumes compacts de la maison procèdent également de cet esprit d’efficacité. En effet, plus les volumes sont compacts, moins il y a de déperdition d’énergie. Une sphère est à cet égard le volume le plus adapté. Ici, nous avons cherché à trouver le meilleur compromis entre les demandes des clients et ce souci de compacité.

Par ailleurs, l’usage de la brique monomur offre une forte inertie thermique, c’est-à-dire qu’elle emmagasine l’énergie pendant la journée et la restitue pendant la nuit. Dans ma propre maison, grâce à cette conception bioclimatique, j’ai constaté en février des températures qui pouvaient atteindre 26° pendant la journée avec le soleil, elles étaient encore de 18° au matin, le tout sans aucun chauffage d’appoint. En été, on obtient l’effet inverse en faisant circuler l’air frais la nuit grâce aux nombreuses ouvertures de la maison.

Dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’une maison économe à construire car un grand soin a été accordé aux détails, accrochage des toitures par exemple. Mais ce n’est pas parce qu’elle est bioclimatique. De fait, généralement, les surcoûts sont négligeables : soigner l’orientation des pièces ne coûte rien par exemple. Certes, une telle maison sera plus onéreuse que la première maison bas de gamme des constructeurs mais ne le sera guère plus qu’une maison moyenne gamme. Celle-ci, par exemple, honoraires compris, revient à 350.000 euros.

Surtout il faut parvenir à dépasser ces notions d’économie. Une maison bioclimatique n’est pas juste économe en énergie, elle est surtout très confortable. Des attributs tels une grande luminosité, des grands volumes, la fraîcheur en été sans climatiseur ne sont pas quantifiables ; il sont pourtant inestimables. Quand on construit sa maison, c’est d’abord pour être bien dedans”.

Patrick Sauvage est maître d’oeuvre à Salon-de-provence.

Source : Christophe Leray

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